Voilà un roman explosif, radical et sans doute nécessaire. Comment transmettre aux nouvelles générations la Shoah, crime majeur (mais loin d’être unique) du XXe siècle, le crime conçu et mené de façon méthodique comme une entreprise industrielle requérant ingénieurs et exécutants zélés pour exterminer un peuple à l’échelle mondiale ? Comment le raconter, le montrer, garder intacte la puissance de l’événement ?
Le narrateur du Monstre de la mémoire écrit une lettre au directeur de Yad Vashem pour relater son expérience et montrer comment ce qui est devenu une épreuve, l’a conduit à un débordement, une dernière erreur ou « faute ». Le roman d’Yshaï Sarid est souvent excessif, violent par les questions et les paradoxes qu’il soulève, mais c’est la principale vertu du roman que de mettre le lecteur en question et de susciter le débat. L’auteur, avocat et romancier, a écrit un roman policier salué et primé, Le Poète de Gaza, et est aussi l’auteur d’une dystopie que les élucubrations d’un président américain et de son ami israélien rendent depuis peu possible : Le Troisième Temple. Sarid prend parti en écrivant, il glisse un fer dans la plaie.
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